L’homme est-il assez intelligent pour sauver les abeilles ?
Enfin, on commence à se préoccuper du sort des abeilles !
Ou plutôt à s’inquiéter des conséquences de leur disparition sur la production agricole…
Les Etats-Unis observent une perte d’abeilles sans précédent, qui plus est en période estivale, avec une concentration des pertes les plus importantes dans les zones de grande culture (voir l’article du Monde du 14 mai 2015).
En Europe, on observe des pertes conséquentes, avec de fortes disparités entre pays. Il semble que la mortalité des abeilles soit plus élevée dans les pays du Nord que ceux du Sud, sans qu’aujourd’hui les raisons en soient bien définies.
En France, la production de miel est tombée à 10 000 tonnes en 2014, contre 32 000 tonnes en 1995, pour un nombre comparable de ruches. Les cas de morts massives sont de plus en plus fréquents, comme dans ce cas en Charente, où le Luzindon, un néonicotinoïde utilisé en viticulture, est fortement soupçonné d’en être la cause.
Partout, les néonicotinoïdes, insecticides de nouvelle génération à usage agricole sont montrés du doigt. Ces insecticides ont commencé à être massivement utilisés à partir du milieu des années 2000, soit en corrélation avec les observations de mortalité des essaims. Ces nouveaux insecticides ont pris de l’ampleur car ils ont des avantages pour les agriculteurs : très haute toxicité pour les insectes, faible dangerosité pour l’homme, présence dans toutes les parties de la plante, et forte persistance dans l’environnement. Ces avantages se transforment en inconvénients si on les regarde du point de vue de la santé des abeilles et autres insectes ! Et si on cherche à en réduire les impacts, car ils resteraient persistants, même après une interdiction totale. Cette situation rappelle fortement celle de l’utilisation du Chlordécone dans les Antilles, pour traiter le charançon des plantations de bananes.
La recherche semble avancer sur les effets de ces substances sur les abeilles, qui, étonnamment, semblent attirées par les plantes traitées par ces insecticides.
Que faire ?
Aux Etats-Unis, les autorités ont déclaré qu’elles n’autoriseraient pas la mise sur le marché de nouvelles molécules (ce qui ne signifie pas l’arrêt de celles déjà autorisées).
En Europe, un moratoire est déjà en vigueur depuis fin 2013 contre 3 molécules (clothianidine, imidaclopride et thiaméthoxame), moratoire qui doit être réexaminé fin 2015, ainsi que pour le Fipronil.
En France, l’usage des néonicotinoïdes pourrait prochainement être interdit, suite à l’adoption en mars d’un amendement au projet de loi sur la biodiversité, lors de son passage en 1ère lecture à l’Assemblée Nationale, amendement déposé et défendu par Gérard Bapt et Delphine Batho. (suivre l’avancée du projet de loi sur le site du Sénat)